«Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »

L'impact en tant que praticien.ne

 

Dans cet article vous trouverez ma réflexion sur la notion d’impact focalisée sur le côté professionel en partant du principe que la posture du spécialiste (celui ou celle qui a le savoir sur un sujet) peut avoir un impact positif ou négatif sur la vie des personnes qu’il rencontre. 

 

Pour illustrer mon propos, j’emprunterai cette célèbre maxime « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » (Spiderman si tu nous lis), car elle exprime finalement une vérité universelle et souligne l’importance de celles-ci dans l’exercice de notre pouvoir ou notre influence dans un domaine professionnel. 

 

Qu’est-ce que la notion d’impact et comment la différencier de l’influence ?

Avant d’aller plus loin, je souhaite faire une distinction entre les termes influence et impact. Sont-ils si différents ? 

L'influence est la capacité d'affecter les pensées, les comportements ou les décisions des autres, souvent de manière subtile et/ou indirecte. C’est un effet généralement continue. Elle peut se manifester à travers la persuasion (Utilisation de la communication pour convaincre), le charisme (Attraction personnelle qui inspire confiance et admiration) ou l’expertise (Reconnaissance des compétences ou connaissances)

L'influence peut se produire avec ou sans position de pouvoir formel. 

Qu’en est-il de l’impact ? Est-ce si différent ?  

 

La notion d’impact met en avant plutôt un choc, un retentissement. L’impact est l’effet durable produit par quelqu’un ou quelque chose (une influence forte par exemple J), il s’agit de l’onde d’une goutte d’eau, en d’autres termes la conséquence significative positive ou négative d’actions ou de personnes sur l’environnement, la société, la culture ou l’économie. 

 

Ces notions ont des résonances évidentes dans le domaine personnel, mais également professionnel et surtout médical ou thérapeutique. Je vais faire un parallèle avec ces domaines car étant praticienne en kinésiologie et énergétique NIJI, j’ai pris conscience de l’impact que nous pouvions avoir sur la vie des consultant.es. 

 

Lorsqu’il est question de savoir absolu sur certains domaines, les personnes ne peuvent que faire confiance à ceux qui détiennent la connaissance. 

Par exemple, la médecine traditionnelle possède depuis toujours une posture professionnelle très influente, elle dispose d’un pouvoir immense puisque le savoir leur appartient. Nous ne pouvons pas tous être spécialistes en immunologie ou en cancérologie, ni même médecin. Dès lors quand nous y sommes confrontés dans la maladie, nous n’avons pas d’autres choix que de faire confiance…et c’est là où ce pouvoir implique de grandes responsabilités.

Ce qui est vrai dans la médecine est vrai pour les thérapies dites  new-age, les consultants arrivent avec peu de connaissances sur le domaine mais en savent bien plus sur leur maladie ou leur mal-être que nous souvent. C’est pourquoi il est impératif de toujours établir une relation saine.

Je m’inspire ici d’Irvin Yalom qui considère la relation thérapeutique comme un pilier central de la psychothérapie et de la guérison. Voici les 5 aspects clés qu'il met en avant et qui me semblent pertinent pour établir une connexion avec un impact sain :

1. L’importance de la Connexion

Il s’agit d’une rencontre humaine avant tout entre deux personnes avant d’entrer dans une relation d’accompagnement. Les fondements de cette rencontre se base sur la confiance, la sécurité des confidences, de la personne en notre compagnie et de l’engagement des deux parties. 

L’impact de cette connexion permet au consultant de se sentir entendu et compris, ce qui peut ouvrir la voie à des révélations et des changements profonds au long. Cette connexion peut également l’aider à surmonter les résistances et les défenses que ce dernier pourrait rencontrer lors des consultations. Si la rencontre n’a pas lieu, demandez-vous si vous êtes au bon endroit J

2. L’Authenticité et l’empathie du praticien

Le thérapeute doit être authentique et montrer une véritable empathie. Cela implique d'écouter activement et de s'engager émotionnellement avec le patient dans une certaine mesure (ne pas se laisser submerger par exemple). En résumé, il s’agit de la capacité du thérapeute à comprendre profondément les sentiments, les pensées et les expériences du consultant et à poser des questions lorsqu’il ne comprend pas. Avoir une vraie réaction authentique aura comme impact de créer un climat de confiance et de permettre à la vulnérabilité de la personne de s’exprimer. 

3. La transparence et ce qu’il appelle l’auto-divulgation ou le partage d’expériences sélectionnées

Yalom plaide pour une certaine transparence de la part du thérapeute, qui peut parfois partager ses propres expériences (expériences sélectionnées). Cela aide à humaniser la relation et à encourager le patient à s'ouvrir davantage. Attention au partage des expériences, cela doit toujours rester pertinent dans le cadre de la thérapie du consultant et ne jamais mettre le focus sur le thérapeute. 

4. La personnalisation de l'approche ou l’écoute active des récits des consultants

Il est essentiel d'adapter l'approche thérapeutique aux besoins spécifiques de chaque personne. La flexibilité et la créativité sont des outils nécessaires pour s'adapter aux dynamiques uniques de chaque relation. Pour Yalom, la thérapie est un espace où les histoires humaines sont entendues, comprises et transformées, conduisant à une guérison et à une croissance personnelle. Chaque histoire est différente, chaque énigme à sa réponse. 

5. Enfin le soutien et la sécurité du consultant 

Le thérapeute doit créer un espace sûr où le consultant se sent soutenu et libre d'explorer ses pensées et ses émotions sans crainte d’être jugé (ps : le thérapeute n’a pas d’avis, en consultation). En créant un environnement où les consultants se sentent compris, acceptés et en sécurité, le processus de guérison est alors favorisé grâce à une alliance thérapeutique efficace pour aider les consultants à atteindre leurs objectifs.

A la lumière de ces 5 aspects, vous pouvez imaginer l’impact que la posture du thérapeute peut avoir dans la vie des consultants et chacun doit garder cela en tête pour l’accompagnement vers un mieux-être.   

Bien entendu, je ne parlerai que de ma posture et de ma pratique car je ne parle que depuis ma position, j’ignore celles des autres. 



Irvin Yalom, dit que "Le lien humain est la pierre angulaire de la guérison. La relation thérapeutique est le principal facteur de changement en thérapie." Encore une fois, le lien humain est au centre de tout… 

C’est pourquoi je m’assure que ma posture est respectueuse de la personne qui vient faire appel à mes services. Déjà parce que parfois il aura fallu beaucoup de courage et de temps à cette personne pour faire la démarche de prendre rendez-vous et aussi parce que parfois elles sont effrayées par la vulnérabilité dans laquelle elles se retrouvent.  

Est-ce que j’ai pris conscience de cette étape cruciale à mes débuts ? oui et non, je n’en avais pas mesuré tous les impacts et conséquences. Est-ce que j’ai fait des erreurs ? évidemment ! J’ai grandi…je me suis formée, j’ai consulté pour moi-même quand il le fallait et surtout face à mon seuil de compétences, j’ai pris la décision en toute transparence d’envoyer mon consultant ailleurs. Ce qui a mon sens renforce aussi le lien thérapeutique. 

Il est important de mesurer l’impact et l’onde de répercussion que l’on peut avoir sur la vie d’une personne que ce soit dans un cabinet, sur instagram ou en tant que leader.es. Je dirais même que plus notre pouvoir/influence est grand.e, plus il implique notre responsabilité et notre devoir d’être le plus juste possible dans l’écologie de la personne.  

A l’heure où le biais cognitif est de mise sur les réseaux et sur internet, couplé à notre capacité d’attention qui frôle les 3 secondes avant de scroller encore un peu plus, j’avais envie de vous faire un point sur ce que je vois passer quand on se déconnecte de Soi et qu’on prend les paroles des autres pour vérité. 

L’impact thérapeutique, les écueils

Les praticiens doivent donc être attentifs aux effets secondaires, à l'adhérence au traitement et au soutien psychologique nécessaire pour accompagner les personnes.

Imaginez qu’une personne prend conscience de quelque chose de lourd en séance et bouleverse sa vie…le praticien doit s’assurer qu’il ou elle est capable de désamorcer cette bombe ou au moins d’en absorber la déflagration. Pour cela, la relation de confiance et le lien établi est primordial pour laisser cette part vulnérable s’inviter dans la vie du consultant. 

Les consultants nous font confiance dans ce que nous leur disons, et leur degré de vulnérabilité fait varier leur discernement. Et c’est normal, nous sommes porteurs de la compétence et du savoir, ils sont vulnérables, donc facilement sous influence. Et je vous rappelle que très souvent ils se retrouvent dans cette position de vulnérabilité car ils portent en eux un mal-être chronique ou provisoire.  Il est donc dans le devoir du praticien/ professionnel de savoir garder sa posture, tout en étant capable d’accueillir le consultant dans son intégralité, sans jugement avec empathie, authenticité, avec transparence sur le travail qui sera effectué. (gros taf, n’est-ce pas ?)

La culture du bien-être est devenue un vrai business et celle-ci ne peut maîtriser parfois l’impact que peuvent avoir certaines formations/consultations/paroles sur leur consultant. Aujourd’hui, je prends avec des pincettes les phrases toutes faites, les injonctions, des certitudes, je me méfie des personnes qui négligent le mal être d’un consultant en lui disant que rien n’arrive par hasard dans une vie, certes, l’inconscient cherche à créer du chaos pour reconstruire, mais on ne peut pas ignorer le traumatisme et la souffrance de la personne. Celle-ci parfois a juste besoin d’être vue, d’être reconnue. 

C’est ainsi que je me retrouve parfois avec des consultants avec un système d’alarme au plus haut, qui attendent des signes de l’univers pour prendre des décisions et/ou pour vivre leur vie, à qui ont a dit qu’ils avaient des dons, des pouvoirs sans savoir quoi, qui pensent avoir le malin sur eux parce qu’on leur a dit et que le praticien n’a rien fait pour le désamorcer. Que des personnes arrivent en me disant qu’ils sont accros au développement personnel, qu’ielles achètent des dizaines de formations en ligne qu’ielles ne font pas et qui finissent par se détester parce qu’ielles se trouvent nul.les* et que surtout ielles ne vont toujours pas mieux. 

En vérité, on ne s’improvise pas thérapeute ou psychologue ou encore pro du développement personnel, cela nécessite de la passion pour l’humain, de la connaissance sur la psychologie humaine, d’apprendre à devenir praticien.ne, d’avoir de l’humilité face à ce que les consultants ont traversé, de continuer de travailler sur soi et surtout de mesurer cet impact que nous avons. Toute vérité n’est pas bonne à dire juste parce que l’on a compris ou que l’on sait ce qui fait souffrir une personne. Elle a parfois besoin de pudeur et de le découvrir elle-même. 

Donc, plus on a de pouvoir et plus le consultant peut oublier de faire ses propres choix. Bien entendu, je ne parle pas d’un diagnostic médical. Aucune thérapie ne se substitue à un traitement médical, elle peut en être un accompagnement souvent bénéfique mais elle ne le remplacera jamais. 

Il me semble que l’objectif est de toujours laisser les personnes repartir avec leur libre arbitre et même quand iels l’ont perdu ou ne se font plus confiance, notre travail est de leur permettre de le retrouver au fur et à mesure des consultations. 

Avoir le pouvoir de choisir sa vie et de créer sa réalité reste le pouvoir le plus personnel et essentiel de l’être humain, même s’il se trouve souvent perdu entre ses contraintes et ses doutes, il en possède toujours les rênes. Toujours…

Rappelez vous que si des paroles ne vous conviennent pas, dites-le, un thérapeute peut se tromper ou ne pas avoir tout compris, plus les échanges sont transparents plus la relation est saine, vous avez le droit de questionner ce que l’on vous dit, car peu importe ce que vous faites et ce que vous choisissez l’essentiel est votre chemin.  

Encore une fois, vous êtes le chemin